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Hélène Merlin-Kajman

10 janvier 2015

 

 

Bonne année

  

Bonne année.

Tout le monde l’a dit : le souhait, en ces jours de janvier 2015, n’est pas facile à prononcer. Le ton joyeux reste dans la gorge, et l’on est tenté d’y ajouter des guillemets protecteurs ou de se contenter des vœux de bonheur privé : santé, réussite, amour, sentiments...

Bonne année sans guillemets tout de même, à vous tous qui nous lisez. Rien n’interdit de donner à ce simple adjectif, « bonne », un sens maximal, le sens de ce qui se mesure à la difficulté, un sens grave et prudent mais volontaire. Car tout ne dépend pas des étoiles.

Bonne année, donc. Transitions continue, continuera à saisir le monde à partir de sa propre prise : la littérature, et la civilité ou la convivialité, celle-ci ayant besoin de celle-là. Il est clair que les événements meurtriers des derniers jours engagent pourtant de très près la littérature, l’écrit, le langage : le propre et le figuré, les émotions suscitées par des signes, suscitant l’inflation des mots... (suis-je Charlie ? je ne sais pas. S’agit-il de notre 11 septembre ? je ne crois pas. Je voudrais plutôt, sans slogan ni clinquant, penser, penser à plusieurs, je ne dis pas sereinement, non ! - mais penser longtemps, penser lentement).

Oui, Transitions fait face au monde, de sa propre place et avec sa propre prise. Nos saynètes engagent tous les enseignants de littérature à changer leur regard sur les enjeux de transmission engagés par la présentation d’un texte littéraire. Cette semaine, Brice Tabeling commente un texte de Saint-Simon où le « remerciement » est un refus poli – où la civilité est peut-être le dernier rempart contre l’intimidation sociale d’un puissant.

Notre abécédaire lance des mots comme on lance des fleurs et comme on pioche aux cartes : afin que, de leur hasard choisi, surgisse un sillage (voyez nos coques...) : cette semaine, « empathie », définie par Alexis Hubert ! Nous plaidons pour. Insuffisante bien sûr ; mais rien n’est vivable sans elle.

Nos séminaires réunissent des chercheurs qui ne veulent pas rester dans le confort de leurs disciplines : nous publions la rencontre avec une historienne des mathématiques, Catherine Goldstein, il y a un an (16 décembre 2013). Nous y avions débattu de la question de l’anachronisme et du contresens (qui est l’un thème discuté dans une sous-rubrique d’Intensités) : les erreurs qu’ils induisent ; mais aussi leur possible productivité.

Et nous croyons dans le bonheur vif de notre rubrique Juste. Avec elle aussi il s’agit de sillage. Aujourd’hui, nous vous offrons une photo de Patrice Deregnaucourt, celle d’un bâteau dans le creux d’une dune en forme de coque.

Nous espérons à l’avenir multiplier ainsi échos et ramifications - et que les images appellent des textes, et les textes des images.

Enfin, nous accueillons des séminaires amis : bientôt, celui de Patrice Loraux, qui a repris ce dernier lundi (de 19h à 21h, 105, bd Raspail, s. 2), et que nous allons enregistrer et publier ici même ; et aujourd’hui, l’exposé de Patrick Hochart lors de la séance de « Critique sentimentale » consacrée à Simone Weil.

Bonne année... !

             

 

Liste des mots de l’abécédaire pour 2014-2015 (le prochain est en gras) :

Amitié, Antiquité, Astérisque*, Audace, Bibliothèque, Casse-tête, Cloche, Communisme, Conversation, Divers, Divin, Doute, Empathie, Érection, Flou, Geste, Harmonie, Ignorance, Jeu, Kamikaze, Lumière, Mère, Mouche, Nuage, Oubli, Paysage, Poésie, Promesse, Quotidien, Ravissement, Roue, Songe, Souffre, Soumission, Travail, Tremblement, Unité, Vent, Youpi.

NB : chaque semaine paraîtra au moins une définition d’un nouveau mot, dans l’ordre alphabétique. La semaine suivante, pourront en outre paraître des définitions « réponses » ou « échos ».  

 

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