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Hélène Merlin-Kajman

07 juin 2014

 

Le chantier du lien social 

 

Bientôt – dès la rentrée, après nos mois de vacances –, nous ne publierons plus toutes les semaines une réponse à notre questionnaire sur la littérature (mais nous continuerons un peu : n’hésitez pas à répondre !).

Je l’avoue, cela me manquera. La réponse d’aujourd’hui, de Jeanne Pham Tran, me le fait tout particulièrement sentir, elle qui avoue « reste[r] envoûtée par les textes sublimes d’aventuriers sensibles aux plumes magnifiques tels qu’Antoine de St Exupéry, Joseph Kessel, Joseph Conrad... » ou qu’il ne lui est pas égal que le livre soit un bel objet : « Je me souviens de tel ou tel passage qui était à tel endroit de la page, à telle épaisseur du livre, etc. ».

À la place de ces questionnaires, nous allons inaugurer une réflexion sur la civilité, avec une question que ma lettre posera en s’appuyant sur la nouvelle formule des exergues (une citation ayant trait au vivre-ensemble suivie d'un commentaire). Nos expériences seront mobilisées – mais c’est la littérature qui les interpellera.

Et nous accompagnerons ce chantier – oui, un chantier ! le chantier du lien social – d’analyses. D’où la publication, aujourd’hui, d’une communication que j’ai prononcée il y a dix ans, au nom de l’Observatoire de l’éducation. Elle s’intitule « La confusion éducative face aux normes ». La confusion que je décrivais alors se retrouve à la vérité partout. Elle attise la méfiance et bloque la pensée. Nous désirons affronter ces questions sans interdit – sans interdit aucun, mais avec une grande prudence et l’exercice de la vigilance la plus extrême.

Sur une citation de Pascal Quignard, Natacha Israël évoque la revenance des mots, quand elle nous délivre. La civilité ne serait-elle pas une sorte de revenance des formes qui soutient pour nous la reconnaissance, en chacun, de son visage (relire, à cet égard, mon commentaire d’Another silence) ?

Et puis, dernière publication de la semaine : l’exposé de Patrick Hochart au séminaire de « Critique sentimentale » consacré à Max Weber. Il s’agit des réflexions du grand sociologue allemand consacrées à la politique comme Beruf – au métier, à l’office politique. Je me contenterai de citer la dernière note de bas de page : « l’homme politique décide en dernier recours et doit répondre de ce qu’il engage ».

Echo en un sens à l’engagement de l’enfant des fables d’Helio Milner, qui, dans celle d’aujourd’hui, « L’Hirondelle et le Rossignol », affirme sa volonté de grandir pour batailler contre le désastre.

 

 

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