Les Chats perdus, chapitre 9

 



Orquídea


 

Barbara Kadabra

OU

Carlo Brio

François Cornilliat

Florence Dumora

David Kajman

Hélène Merlin-Kajman

Brice Tabeling

03/06/2017

 

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  20:44

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

Ah non. Ne commence pas. Dites-le avec des pleurs, ça va cinq minutes. Je sais : tout s’additionne, sous prétexte qu’on l’a vécu, qu’on n’a qu’une vie. Il faut faire la somme, inscrire un total – juste de préférence. Mettre en colonne un tas, un ramassis d’encombrements, de désagréments ; le n’importe quoi des circonstances jouant aux billes avec ton crâne, aux quilles avec ton corps. Et se défausser sur le temps : « Quelle journée ! », sous prétexte que c’en est une. Je sais : remplie, épuisante, accablante. Je vais te dire : je me fous de tes journées. D’abord, c’est toi qui les as voulues. Fleuriste ! Je ne dis pas que la banque de l’Horrible vaut mieux – le noble réfugié du Portique, l’intello recyclé dans son costard trois-pièces, trônant comme un singe au Crédit Arboricole, derrière son sas de protection. Mais un métier qui te scie le dos, qui te transit les côtes, qui t’infecte les ongles et la conscience, entre l’appât supposé du gain et l’obsession spontanée du vol ? Un métier qui te force à sourire, et à tenir tes comptes, comme si ta vie en dépendait ? Car ta vie en dépend, et à force de simuler – le sens du contact et celui des chiffres, le souci des marges mêlé à celui des gens –, redressement fiscal puis dépôt de bilan souffleront la bougie de ta première année. Il y a un mois ou deux que tu l’as compris : le commerce, le vrai, ne s’improvise pas. La douleur, par contre, la vraie comme la fausse... Bravo l’artiste. L’étau sur tes vertèbres, le feu à ton sommeil, la mauvaise foi en gerbes, pour prix de synesthésies d’opérette : les parfums, les couleurs et les noms – arrête ! Qu’est-ce que tu croyais ? Qu’un arrangement ferait la différence, donnerait à ta vie la forme après quoi tu cours depuis cinquante ans ? Tu n’es pas naïve à ce point. Alors, si tu veux gémir, va sur Tout-y-taire – et fiche-moi la paix. Comment ? D’accord, c’est moi qui geins et qui hurle ce soir, tu es trop triste ou trop crevée pour t’y mettre. J’avoue : le cynisme n’est qu’une autre manière de pleurer – et pas la plus honnête. Un point pour toi. Au vrai, depuis un moment, rien qu’à te voir souffrir et rougir, à te sentir rager, je fais les demandes et les réponses. Tu ne m’as pas sonnée, je ne dis pas le contraire. S’il fallait savoir pourquoi la parole vous prend, vous secoue et vous lâche, comme un prunier sans prunes... Tu penses donc je suis, c’est comme ça. Mais depuis que ce sont tes doigts, tes désirs, tes ambitions que tu panses, jour après jour, depuis que tu as mal partout, j’ai du mal. Quelque chose ne colle pas, et me rend furieuse. Pardonne-moi.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  20:59

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

Reprenons, doucement. Ce matin, ça démarre avec Louise, qui choisit d’appeler à l’aube, au moment exact où tu t’endors enfin : « Écoute Maman, ce n’est ni de ma faute, ni de la tienne si je suis partie aux States. L’occasion s’est présentée, c’est tout. » Elle t’assène ce qu’elle rumine – la suite d’une engueulade commencée quand, déjà ? Un paragraphe entier : elle aurait pu aussi bien te faire un courriel, artificiel selon la loi du genre, surécrit pour faire sous-écrit. Mais c’est toi qui insistes pour entendre sa voix ; te voilà servie – par le décalage, la vie ailleurs six heures plus tôt : tu as droit aux bruits d’ambiance, conversations, tintements de bouteilles, Body and Soul. Est-ce qu’elle a pris son smartphone au milieu d’une party, juste parce qu’elle se sent coupable, ou victime ? En prime ce chuchotement latéral – « It’s my mom » répond-elle : c’est son jules. Pas méchant d’ailleurs, mais tu vois d’ici leurs mimiques... C’est toi qui coupes sous un prétexte quelconque, pour deux heures d’insomnie de plus. Ensuite l’Horrible, Monsieur Laurent Madamet en personne, entre la douche et le café, l’Apple 7 contre l’oreille, serrant sa cravate sur sa pomme d’Adam traitée à l’Acqua di Giò. « Écoute ma belle, enterrons la hache de guerre, tu veux ? Ça ne sert à rien, et si tu veux saborder ta boutique ça te regarde, c’est ton fric pas le mien ; et puis Louise a appelé, elle a besoin de... de nous. Elle t’a dit la dernière, qu’ils ne vont pas la titulariser ? » Crochet du gauche, du droit, tu vacilles. En quelques clameurs disjointes, tu essaies de lui faire ravaler son fiel tout en implorant des détails ; et c’est lui qui raccroche sans même un prétexte. Puis tu rappelles frénétiquement ta fille, qui se garde de répondre. Elle dort, elle ne dort pas, elle fait la fête, elle fait la tête, elle en est à son deuxième joint, à son cinquième verre, elle sait que sa mère se moque de ses problèmes, ne pense qu’aux siens, pourquoi prendre le temps de la mettre au courant ? Tu laisses trois messages, aucun n’a les mots justes, tous l’exaspéreront ; à deux doigts d’un sms à Bruno (« malade – pas dormi – merci de gérer »), tu te ravises. C’est quand même lui qui ouvre ; et qui te regarde arriver une heure plus tard. « Une fois de plus », penserait-il – si c’était son style de penser ça. Depuis l’affaire de l’ancolie tu perçois une note de distance ou de méfiance dans son silence, sa prévenance, son efficacité ; mais c’est sans doute toi qui fabules, qui en rajoutes dans la lecture de ce qu’une cliente appelait son « masque maya ». Aujourd’hui, ta fatigue et ta détresse aidant, vous avez même bavardé.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  21:16

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

C’est la première fois depuis l’entretien d’embauche ; depuis ces détails qu’il t’avait entendue vendre, le lendemain, à la cliente en question – spécialiste de l’attention gratuite, et acquéreuse ce jour-là d’un tonitruant bouquet d’oiseaux de paradis. Il n’avait pas protesté, mais on ne l’y prendrait plus. Et puis ce matin, en échange de tes excuses, de tes confidences bégayantes... C’est curieux ; c’est peut-être aussi qu’il a une nouvelle copine, entrevue hier soir, petite blonde rapide et vive autant que lui est calme. Récapitulons : Bruno Barbier s’est toujours su adopté. Le Honduras l’intéresse depuis longtemps, ça fait trois fois qu’il y retourne (comme toi dans le New Jersey de Louise) en claquant les économies de ses parents. Son espagnol reste approximatif, et l’ultra-violence des maras ne facilite pas les déplacements, encore moins les questions – quoique son accent, sa grammaire fantaisiste et l’absence de tatouage sur sa peau jouent en sa faveur, suffisent souvent à convertir le danger de mort en indifférence amusée. L’enquête n’a donné aucune certitude ; mais sa mère biologique a sans doute disparu avec sa famille, et le gros de leur bidonville, lors du passage de l’ouragan Mitch, en 1998, cinq ans après sa naissance. Bruno ne fait pas de phrases, n’explique pas ce qu’il éprouve, n’enjolive pas ses aventures. Aucune corde attendue ne vibre dans ses paroles ; surtout pas celle de l’identité. Tu dirais, toi, qu’il se sent multiple ; qu’il cherche à se parcourir, à se rendre visite, sans exclusive et non sans risque. Mais pas pour se retrouver, ni se définir, ni se mettre en ordre : ce qu’il aurait pu être se superpose à ce qu’il est, sans drame, sans contradiction ni substitution ; un résultat changeant, composite dans l’espace, aléatoire dans le temps. Lui ne le dit pas comme ça ; ne le dit pas du tout. Il ne s’attarde pas sur les faits, encore moins sur leur sens. Sur les fleurs, en revanche... À l’écouter, tu te rends compte que ta stupide enseigne – comme la plupart des clichés – signifie bien quelque chose, points de suspension inclus.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  21:27

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

La flore du Honduras, moins fameuse que ses gangs mais plus ancienne, leur survivra peut-être. Il y a le somptueux hibiscus double, aux nuances de pêche ; le technicolor des bougainvillées ; les Heliconia, restaurants multi-étages pour oiseaux-mouches ; et surtout Rhyncholaelia digbyana, la fleur nationale – l’orquídea de la Virgen, géante et rare ; non pas rouge, ni mauve, ni blanche, mais verte. Plus verte que verte. Fleur par sa seule forme – mante végétale, étoile absinthe – et, la nuit, par un envahissant parfum de citron. Une créature titanesque, belle à sa manière : antennes, gueule ouverte, la guerre des mondes en cinq pétales. Tu devrais relire certain chapitre d’À rebours pour vérifier si elle y est, si elle y fait de l’ombre aux alocasias, caladiums et nidulariums. Entre deux cataclysmes, entre deux coups d’état, le pays des profondeurs (honduras) a pris le temps d’élire ce symbole sorti de la jungle, pour remplacer la rose importée, coloniale, soudain jugée (dirait Huysmans) bête et convenue. Les images de Rhyncholaelia, comme toutes les images, champignonnent sur internet ; Bruno t’en montre plusieurs, avec une insistance qui ne lui ressemble pas. Tu comprends alors où il veut en venir : qu’il en rêve, qu’il la rêve, cette plante d’apocalypse, dans la boutique ; moins pour la vendre, sans doute, que pour la vitrine. De fait elle conviendrait à l’atmosphère étouffante, tropicale, que tu envisageais d’alléger : pourquoi ne pas l’alourdir au contraire, la revendiquer ? Certes les orchidées ont leur prix – et s’en vantent, comme un pot de caviar ou une Maserati ; ici, aux Pas Perdus, où les gens n’ont ni ces moyens ni ce snobisme, tu n’en écoules pas beaucoup. Alors, un monstre pareil... mais justement : c’est autre chose que le cattleya de rigueur, deux ou trois fleurettes qui se contorsionnent pour trente euros sur leur lit de liège. Un ornement énorme, baroque, solitaire, aberrant ; pour rien, pour la splendeur du geste. Mieux que la Tour Eiffel du chocolatier d’en face ! Et puis (étrangement) le phénomène t’évoque ton ostéo préhistorique : le teint, la longueur du cou, la largeur des mains... Bref, tu ne dis pas non, tu vas te renseigner. Pendant quelques secondes, une joie tout à fait inédite se peint sur le visage de Bruno. Et toi aussi, pendant quelques minutes, tu te sens mieux.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  21:43

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

Mais ça ne dure pas. D’abord Louise n’a ni rappelé, ni écrit ; tu passes les heures les yeux vissés sur ce rectangle noir, imbécile et muet que tu hais, que tu fracasseras comme son prédécesseur (huit mois : durée de vie moyenne de tes portables). Ensuite l’Horrible, deux fois ; là c’est toi qui ne réponds pas. Enfin, pour couronner... Aquilegia, le retour. Quelque chose dans cette histoire se répète, se dédouble à tout va, prolifère et rivalise. Cette fois, c’est toi qui bouges : en fin d’après-midi, pour secouer l’angoisse, tu décides brusquement de faire un saut rue des Clartés, sous prétexte d’offrir un narcisse à la jeune Miss Marple de l’autre jour, de l’autre mois, pour son herbier. « Une course, j’en ai pour une demi-heure, ça ira ? » Bien sûr que ça ira. Joli moment : à la concierge de l’immeuble (c’est un immeuble à concierge), tu demandes si elle connaît une Lydia ; elle te répond que « oui, comme ça se trouve, et pas qu’un peu », avec dans la voix, comme en avant des mots, un mélange de frayeur noire et de pure intrépidité. On s’explique, on se présente, la petite n’est pas rentrée ; Adélie Brancart sursaute une seconde fois en avisant la fleur, dans son sachet de cellophane. Pour sauver ce qui reste du secret, tu t’embrouilles dans tes alibis. Lydia serait venue te montrer sa collection, vérifier des noms, demander conseil pour un exposé ; tu lui aurais donné un crocus pour l’encourager. Le narcisse, c’est en prime. Finalement ce script te plaît assez ; ton front reste à peu près sec. Mais Adélie n’est pas dupe ; en dix torrentielles minutes, dansant d’un pied sur l’autre à la porte de la loge, tu sais pourquoi. « Vous ne devinerez jamais » : l’histoire de monsieur Rosso défile devant tes yeux ronds, cousue d’allusions tragiques que tu démêles mal – blessure de guerre, suicide, harcèlement. Un moment tu crois que Furio est le père d’Adélie, un autre que Lydia est la fille de ce même inspecteur Fall qui l’avait précédée à Dites-le avec... Le puzzle finit par se mettre en place – à l’exception de l’enquête de Lydia : sa mère s’abstient d’y revenir, par une délicatesse dont tu ne l’aurais pas crue capable. À toi de poser la dernière pièce : avec la confiance qu’Adélie t’inspire (et l’honnêteté que tu étrennes pour l’en remercier), tu entreprends de confesser tes « affligeants présupposés » concernant le visiteur à l’« ancolie ». Troisième sursaut : « Vous l’avez prise où cette expression ? » Tu n’en sais rien : à ta connaissance, ce ne sont pas des mots qui se prennent ailleurs que dans les habitudes pédantesques qui sont les tiennes depuis toujours (et t’ont permis de reconnaître une sœur en la zélée, la prometteuse Lydia). Cette digression lexicologique te mortifie, toi que flattait la perspective d’un aveu. Et pour achever de t’en punir, clic : Furio pousse le grand battant de fer forgé, pénètre dans le hall. « Quand on parle du loup », s’exclame Adélie. Le vieux tourne la tête, s’approche ; en fait de loup, plus gattopardo que jamais. Bérézina : toutes réserves de candeur épuisées, tu bafouilles un écarlate « Je voulais juste vous dire... » ; et après dix secondes d’intolérable silence – même Adélie en reste bouche bée –, tu t’enfuis au milieu de ce nouveau mensonge.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  22:05

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : néant

 

À quoi rime cette panique ? De retour au magasin, la messe est dite : ton comportement leur aura montré, démontré, révélé que c’est toi qui commandites, ou même réalises, ces fleurissements nocturnes. Et alors ? Il n’est pas défendu de hanter les balcons avec une fleur à la main... Comme toujours quand tu te sens coupable, ton éventuelle innocence n’est qu’un facteur aggravant (si ce n’est toi, c’est donc toi-même, dans l’opinion des autres) : l’enjeu est moins la faute que l’humiliation, que tu mérites par hypothèse. Mais tu sais cela aussi bien que moi. Et Louise le sait aussi, qui fait la même chose, rentre dans le moule en voulant le briser : « d’ac tu compatis, ms un peu tard non ? papa je lui ai dit en 1 phrase, à toi en 10 ps moyen. ms tu le savais kjme planterais, now jai prouvé ma nullité à tt le mde, et va falloir kje rentre. toi t’es ravie forcément, mm si je reconnais t’essaies de pas. bises. » La version en clair, avec attendus, viendra un peu plus tard, par courriel ; mais celle-ci, comme gravée au stylet sur ta main, fait l’affaire juste au bon moment. Bruno a filé, sa copine l’attendait, s’est jetée à son cou. Dans ta boutique obscure, tu voudrais crier. Beau numéro de rancœur, de dépit arpenteur, style panthère en cage : tu renverses trois vases de freesias (toujours les mêmes, il faudra voir à les changer de place). Ton désespoir, lui, reste assis.

 

 

Date : Jeu 11/05/2017  22:52

De : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

À : Sarah Madamet <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>

Objet : Résolutions

 

J’ai lu deux fois le long message de Louise ; je lui ai répondu en essayant d’écrire moins, pour ne pas l’agacer, ni larmoyer ; elle m’a répondu calmement, sans agression. Il y a peut-être un espoir – d’abord pratique (elle va faire appel de la décision) ; et aussi entre nous, que s’écroule cette babel de malentendus. Nous avons réussi à ne pas mentionner Laurent, c’est déjà ça ; ce sera pour plus tard, après un début de guérison. Si maintenant je pouvais rentrer sans plus tarder, manger sans réfléchir, dormir sans rêver – ou alors ne penser qu’à ma fille, à ce qui lui arrive, sans retomber dans le fossé de cette histoire ridicule. Ou alors à l’état du monde... Adélie et Rosso ont dû bien rire ; et moi je devrais rire aussi, au lieu d’arroser mes petites hontes pour les faire grandir à hauteur de mes plus grandes terreurs. Je vais commander des « Nora Barlow ». J’en porterais bien un bouquet à Furio, avec de vraies excuses ; mais Adélie a eu le temps de me dire qu’il n’aime que les cailloux. En attendant : repos. Un verre d’eau, un deuxième, beaucoup d’eau sur le visage aussi. J’ai redressé les freesias, passé la serpillière, fait le tour des rayons. Je me prépare à sortir, quelque chose me retient ; un détail cloche, une anomalie pince ma mémoire. Coup d’œil circulaire ; je suis vite fixée. Le petit cattleya landate qu’on a livré ce matin. Je suis certaine qu’il lui manque une fleur.

 

À suivre...

Powered by : www.eponim.com - Graphisme : Thierry Mouraux   - Mentions légales                                                                                         Administration