Adage n° 30.1 : Qui sème le vent récolte la tempête / A. Leroy



Adage n°30.1

 

Qui sème le vent récolte la tempête.
 
 

Augustin Leroy

04/12/2021

Sur un plan grammatical, cet adage repose sur deux propositions, une relative et une principale. La relative (qui sème le vent) fonctionne comme un nom en position sujet, comme dans « qui dort dîne ». Sauf que dans cet exemple, il existe un nom commun dans la langue : « qui dort », c’est le dormeur.

Quel nom donner au semeur de vent ?

Me vient l’image d’une main aux gestes circulaires, dispersant ce qui aurait pu être des graines que le vent et le mouvement auraient semées ensemble dans une bonne terre.

J’aime passionnément le vent, pour ses bourrasques dans les cheveux, dans la voilure des bateaux dont les drisses métalliques claquent sur le mat lorsqu’ils sont au port et que ça souffle dur.

Naissance de Chateaubriand, racontée dans ses Mémoires d’Outre-tombe par lui-même : la mer en furie, le vent qui hurle, la roche frappée par les vagues. Traduction : fallait pas commencer par me donner la vie !

Pourtant, j’éprouve quelque reconnaissance envers le « truc » qui sème le vent (Dieu, le présentateur météo, une dépression, c’est pareil). En navigation, lorsqu’il n’y a aucun vent, que l’eau est aussi lisse que le temps, on parle de « pétole ».

L’adage met en garde : attention, à force de vent, tu t’envoleras et ce sera bien fait pour toi.

Oui, m’envoler serait un bienfait, à la manière d’un cerf-volant ou d’un ballon de baudruche détaché de ses amarres, errant dans l’immensité du ciel.

Une tempête croît. On dit, par ailleurs, dans la langue des louves de mer, « un grain », lorsque la tempête s’annonce. Elle vient en un rien de temps, les lames déchainées, féroces, la voilure gonflée au point de se déchirer, et le bateau danse, vieille gabarre sur une mer sans bords, démâté.

Sur la rive, la nuit et les lueurs angoissées guettent le retour des embarcations fragiles.

On dit aussi, de façon un peu équivalente, « il n’y a pas de fumée sans feu », pour prévenir un désordre qu’on aurait pu éviter. Je me demande : « y-a-t-il un feu sans fumée ? » Si oui, on l’a étouffé, c’est dommage, le feu, c’est beau comme le vent.

D’ailleurs le vent anime le feu et propage la fumée.

Adage de mise en garde ? Plutôt adage de colère, celui du ciel, de la mer démontée, de la foule furieuse qui manifeste et réclame l’incendie face aux injustices. Mauvaise graine !

Le risque : retour à l’envoyeur. Qui brûle la ville incendie sa maison.

Je préfère égrener ma colère dans le hululement du vent – lui, il me répond.

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