Abécédaire

 

 
Altitude
 
 


Gilbert Cabasso

30/09/2017

 

 

L’altitude est, par définition, la hauteur relative à un niveau référentiel, le plus souvent, celui de la mer. Encore faudrait-il préciser si on la considère à marée haute ou à marée basse ! Socrate exigerait de nous que nous en recherchions l’essence, que nous nous mettions en quête de son Idée, au-delà de ses variations. Mais la science, désormais, nous l’interdit : ni haut, ni bas ne relèvent de l’absolu. Pas d’altitude en soi ! Quant au Très-Haut…

Si l’on en reste à nos jugements, à notre appréciation subjective, l’altitude plaît ou déplaît. La toise en est variable et le corps ne s’y adapte pas toujours aisément. Ne jamais négliger le mal des montagnes, parfois mortel. Non, l’altitude ne saurait convenir à tous ! Sans compter qu’elle refroidit.

Pour ma part, j’aime prendre de la hauteur, de la distance, ne pas en rester au ras des pâquerettes, aller au point élevé d’où les paysages dévoilent toute leur beauté. La platitude des plateaux m’ennuie. Les points sublimes m’exaltent ! Délices stendhaliennes des élévations, exigences nietzschéennes de nos propres dépassements ? L’ironie est aisée : « Seriez-vous en quête du point de vue de Sirius, ce point de vue qui écrase tout, efface les détails et les différences et ne perçoit plus rien des aspérités singulières des mondes ? Qui l’atteindrait dominerait tout, regarderait de haut. (Despicere, dit le latin, mépriser, toiser.) » Oui, toute hauteur court le risque du mépris, je ne consentirais à m’y laisser porter qu’à la condition qu’il me tienne à distance des marais nauséabonds. L’élévation libère, à n’en point douter.

Je cherche alors la juste mesure du point de vue. Je ne me vante ni ne m’abaisse, en quête de la bonne hauteur qui ne nivèle ni n’écrase. Ne plus chercher ailleurs qu’à « hauteur d’hommes », ce que l’humilité devrait apprendre à opposer au délire de toutes les grandeurs.