Abécédaire

 

 
Paroxysme n° 1
 
 


Clarice Hellin

02/04/2016

Prononciation et orthographe : [paʀɔksism], [paʀɔksizm] Forme contractée de l’expression, plus ou moins figée, pare au xysme, d’abord écrite pare au xysme (Richelet), puis pare-au-xysme (Académie, 6e édition), enfin paroxysme (Académie, 7e édition). La réforme orthographique de 1990 propose parocsisme, mais il n’est pas certain qu’elle doive être suivie.

Définition : Le paroxysme est le haut degré d’un état, d’une situation, d’une maladie, d’une éruption volcanique ou acnéique. Le terme est de nos jours abstrait, bien que son étymologie l’ancre dans le concret du quotidien. Le xysme est en effet un objet de décoration, et se révèle le pendant du ptyx mallarméen ([…] nul ptyx / Aboli bibelot d’inanité sonore). Très fréquent sur les cheminées de marbre (où il flanque à droite la pendule, le ptyx la flanquant à gauche) tout au long du XIXe siècle (le cousin Pons en est un grand collectionneur ; Jean Des Esseintes en possède un : Sur la cheminée dont la robe fut, elle aussi, découpée dans la somptueuse étoffe d’une dalmatique florentine, entre un xysme et un ptyx, etc. (Huysmans, À rebours), l’avènement du chauffage central et du radiateur l’a fait progressivement disparaître des intérieurs. Il s’en trouve encore en province dans les brocantes estivales, et chez quelques antiquaires. Il est rarissime, toutefois, au grand dam des chineurs, de trouver ensemble xysme ET ptyx (les experts parlent alors de ptyxysme) : or le xysme sans son ptyx n’a guère de valeur, comme n’a guère de valeur le ptyx sans son xysme. Certains originaux couplent deux xysmes entre eux (et de même deux ptyx), mais cette solution, jugée de facilité, n’emporte l’accord ni des spécialistes ni des connaisseurs.

Origine du terme : On disait autrefois « parer au xysme », pour signifier orner un dessus de cheminée (cf. Du Bellay, Heureux qui communiste a su parer au xysme / Son marbre et l’a fourbi tant & si bien qu’il luisme). Certains orfèvres (cf. Guide des mestiers de Paris, anonyme, 1737) affichaient en guise de réclame dans leur devanture X (ou Y) pare au xysme, pare au ptyx. Il en est demeuré cette expression proverbiale Qui pare au xysme pare au ptyx, signifiant qu’il est des objets qu’on ne peut dépareiller. On comprend mal, en revanche, le glissement de sens aboutissant à la signification actuelle. Peut-être faut-il valider l’hypothèse de Nyrop (Formation des mots [1908]), selon laquelle nombre d’orfèvres étaient nains, et que, livrant leur marchandise, ils devaient se hausser sur la pointe des pieds pour orner la cheminée. L’effort conséquent, couplé à l’idée de hauteur, aurait conduit à l’idée actuellement contenue dans paroxysme.

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