Hélène Merlin-Kajman

04 février 2012

 

Juste...

 

« Il y a image, et elle est juste, si elle convoque une familière étrangeté », écrit Marie-Hélène Boblet dans l'article qu'elle consacre à la courtoisie littéraire d'un Jean Paulhan ou d'un André Dhôtel.

Nous aurions pu placer la rubrique « Juste » sous ce signe plutôt que sous celui de la formule de Godard, « pas une image juste, juste une image » ; car Godard se souvenait sans doute davantage du surréalisme que de Paulhan. Mais juste une image, c'est aussi une image qui arrive et s'efface - comme on dit de quelqu'un qu'il s'efface pour donner passage. Juste une image - juste un punctum - un visage penché au-dessus de nous - un sourire ou une inquiétude, sans emphase et en passant - « City lights » d'Antoine Pignot - l'espace d'un discret éclair, une familiarité accélérée, un petit saut qualitatif du regard.

C'est aussi simple que le « Je les respire même » d'Agnès Cambier parlant de ses livres dans sa réponse au questionnaire sur la littérature, auquel, souvenez-vous, chacun est invité à répondre - juste un questionnaire !

Et juste un exergue : cette semaine, « transition » se dit en latin, d'un très beau mot d'Horace expliqué par Nancy Oddo : junctura, ou l'art oscillatoire des liens, liens entre les mots qui sont figures des liens entre les hommes.

La boucle serait-elle bouclée, serions-nous revenus à la courtoisie ? Eh bien,  juste pas !... Ce serait trahir l'hiatus - vous souvenez-vous ?