«Important »: adj. Qui importe

 

Tiphaine Pocquet

09/02/2013 

 

Parole d'acteur, Maurice Durozier

Au Théâtre du Soleil du 7 au 17 février 2013, puis du 13 au 30 juin 2013

Maurice Durozier porte la mémoire d'une histoire, la sienne et celle du théâtre du Soleil. Il a joué de nombreuses années entre ses murs aux côtés d'Ariane Mnouchkine et évoque ce passé qui est encore un présent avec une certaine émotion dans la voix. Qu'est-ce que jouer ? Quand l'acteur en lui est-il né ? Quel est ce monde à part dans lequel il aime à s'enfermer ? Est-il difficile de sortir d'un rôle ? Les questions fusent et trouvent sur scène le temps et l'espace de leur réponse. Elles viennent pourtant de plus loin et de plus avant car, explique-t-il, le spectacle s'est forgé au creuset Brésilien avant d'arriver en France pour la première fois cette année.

Sous couvert d'une fiction, une conversation avec sa fille, c'est bien au public qu'il s'adresse toujours. Comme une porte ouverte, une main tendue, sa scène est accueillante. Et il n'hésite pas à briser la barrière de feu en nous proposant un thé chai au milieu de la représentation. On se sent bien avec Maurice Durozier, loin des commotions et de la sidération tragiques, on est tout à fait comme chez soi. Cette ouverture à l'autre qui est aussi quête et requête permanente, infuse jusque dans sa conception de l'acteur : un possédé nous dit-il, dépossédé, qui laisse l'autre parler en soi. Et c'est ce qu'on croit comprendre lorsqu'il esquisse quelques personnages savoureux : un metteur en scène en souffrance, un polichinelle amoureux, une danseuse hindoue. A peine entrevus, on ne les laisse pas disparaître sans une pointe de regret.  Ce n'est pas le lieu ni l'espace sans doute ; à l'autre scène, il nous faudra seulement rêver. C'est donc un homme en pleine possession de son corps, de ses mots, de son passé qui relit ses trente années sur les planches pour en tirer quelques pépites à faire briller sous nos yeux. Il nous livre ainsi une confession théâtrale d'une absolue sincérité. « Tu es ce que tu fais », la phrase glanée au cours d'un voyage brésilien semble avoir germé. Générosité et authenticité sont peut-être les maîtres-mots de celui qu'on se plaira à nommer : le samouraï shakespearien.

Vous trouverez les informations pratiques concernant ce spectacle sur le site du Théâtre du Soleil

 

 

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