« Littéraires de quoi sommes-nous les "spécialistes" ? »

Première demi-journée

 

Cette intervention de Guillaume Bridet s'inscrit dans la première des sessions à « Géometrie variable » du colloque « Littéraires, de quoi sommes-nous les "spécialistes" ? » (voir l'argument et la synthèse ici). Il était demandé aux participants de choisir un texte court, dont ils pouvaient se dire les spécialistes pour l’avoir étudié précisément, et d'en présenter leur analyse. Ces textes ont également été donnés à commenter à des non-spécialistes : chaque texte s'est donc trouvé commenté par un spécialiste (celui qui l’a choisi) et un non-spécialiste, l'exercice formant ainsi des binômes.

On peut trouver ici les commentaires de Saint-Simon et Michel Leiris par Marc Hersant.

Nous remercions les différents intervenants du colloque de nous avoir permis de diffuser leur intervention ou d'avoir accepté de nous en donner une version écrite. Il leur a été proposé, dans ce dernier cas, de conserver dans leur texte écrit les caractéristiques orales de leur communication et les textes publiés ici sont donc, dans une mesure variable, à rapprocher d'une transcription de leur intervention orale.

Guillaume Bridet est professeur de littérature française du XXe siècle à l'université de Bourgogne. D'abord spécialiste des avant-gardes de la première moitié du XXe siècle, il a ensuite réorienté ses travaux du côté des études postcoloniales. Il a fait paraître avec Xavier Garnier un numéro de la revue Sociétés & Représentations consacré à « Edward Said : une conscience inquiète du monde » (n°37, printemps 2014) et il est l'auteur d'un livre aux ELLUG intitulé L'Evénement indien de la littérature française (2014).

 

 


Géométrie variable
 

 

Guillaume Bridet

19/03/2016

 

C’est avec une certaine appréhension qu’à la demande d’Hélène Merlin-Kajman j’acceptai durant l’été 2013 de participer au colloque de Transitions « Littéraires : de quoi sommes-nous les "spécialistes" ? » qui devait avoir lieu du 25 au 28 juin de l’année suivante. Selon le modèle fixé par les lectures à « géométrie variable », un spécialiste de la littérature française des siècles dits classiques et un autre, quant à lui spécialiste de celle des siècles dits modernes, devaient se proposer un texte et commenter à tour de rôle les deux textes ainsi sélectionnés. Deux objections se présentèrent à moi. D’un point de vue pratique, dans la mesure où un individu cultivé né et ayant vécu au XXe siècle peut très bien tout ignorer ou presque de la littérature des siècles éloignés mais se trouve en revanche entretenir une certaine familiarité avec la culture littéraire de son temps, n’aurais-je pas à souffrir d’une comparaison qui me serait nécessairement défavorable ? D’un point de vue heuristique, cette lecture croisée me semblait placer le point d’observation à la fois trop et pas assez loin. Pas assez : quel intérêt y aurait-il à évoquer un texte si près de mes recherches et si bien connu qu’il ne me réserverait aucune surprise ? Trop : comment allais-je pouvoir commenter un texte à propos duquel a contrario il était probable que j’ignorerais tout ? Une telle démarche ne risquait-elle pas de figer les positions entre le spécialiste et le non-spécialiste ? Là où la réflexion s’élabore dans l’entre-deux fécond de la connaissance et de l’ignorance, nous nous trouverions l’un et l’autre projetés aux deux extrémités du figement (la pensée s’immobilise en idée toute faite et empêche de percevoir ce qui échappe) et du chaos (la pensée n’a pas lieu, car elle ne peut rien saisir ni donner forme) : du bruit, du silence, une même absences d’événement. L’expérience toutefois m’excitait : quelque chose d’un grand écart, comme un exercice donnant moins la mesure de nos ignorances et de son envers de spécialisation que permettant peut-être de les récuser l’une et l’autre.

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La duchesse de Lorges, troisième fille de Chamillart, mourut à Paris en couche de son second fils, le dernier mai, jour de la Fête-Dieu, dans sa vingt-huitième année. C'était une grande créature, très bien faite, d'un visage agréable, avec de l'esprit, et un naturel si simple, si vrai, si surnageant à tout, qu'il en était ravissant; la meilleure femme du monde, et la plus folle de tout plaisir, surtout du gros jeu. Elle n'avait quoi que ce soit des sottises de gloire et d'importance des enfants des ministres; mais, tout le reste, elle le possédait en plein. Gâtée dès sa première jeunesse par une cour prostituée à la faveur de son père, avec une mère incapable d'aucune éducation, elle ne crut jamais que la France ni le roi pût se passer de son père.

Elle ne connut aucun devoir, pas même de bienséance. La chute de son père ne put lui en apprendre aucun, ni émousser la passion du jeu et des plaisirs. Elle l'avouait tout le plus ingénument du monde, et ajoutait après qu'elle ne pouvait se contraindre. Jamais personne si peu soigneuse d'elle-même, si dégingandée: coiffure de travers, habits qui traînaient d'un côté, et tout le reste de même, et tout cela avec une grâce qui réparait tout. Sa santé, elle n'en faisait nul compte; et pour sa dépense, elle ne croyait pas que terre pût jamais lui manquer. Elle était délicate, et sa poitrine s'altérait. On le lui disait: elle le sentait, mais de se retenir sur rien, elle en était incapable. Elle acheva de se pousser à bout de jeu, de courses, de veilles en sa dernière grossesse. Toutes les nuits elle revenait couchée en travers dans son carrosse. On lui demandait en cet état quel plaisir elle prenait. Elle répondait d'une voix qui de faiblesse avait peine à se faire entendre qu'elle avait bien du plaisir. Aussi finit-elle bientôt. Elle avait été fort bien avec Mme la Dauphine et dans la plupart de ses confidences. J'étais fort bien avec elle; mais je lui disais toujours que pour rien je n'eusse voulu être son mari. Elle était très douce, et pour qui n'avait que faire à elle, fort aimable. Son père et sa mère en furent fort affligés...

Saint-Simon, Mémoires, éd. Yves Coirault, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1983-1988,  vol., ici IV, 778-79.



Pour commencer, j’aimerais retracer le parcours du rapport, qu’avant même d’en prendre connaissance puis peu après qu’il me fut indiqué, j’ai entretenu avec le texte de Saint-Simon que Marc Hersant me proposa de lire, un parcours qui, je crois, dit un certain nombre de choses concernant le statut du spécialiste et son histoire, au moins son histoire intime – son moteur libidinal, aussi bien les énergies qui l’alimentent que ce qui peut (salutairement) le faire tousser.

La première chose qui survint à la lecture de ce texte, ce fut un sentiment d’étonnement, qu’accompagna bientôt un sentiment autre, de gratitude.

Préparé d’entrée à me trouver face à un texte de l’époque classique et recevant plus tard le programme, j’appris que je formerai un binôme avec Marc Hersant et m’empressai donc de taper ses nom et prénom sur un moteur de recherche. Son statut de spécialiste de la littérature française du XVIIIe siècle limitait un peu l’empan chronologique : j’échapperai au XVIe siècle, sans doute aussi au XVIIe siècle, même si le nom du cardinal de Retz apparaissait également associé à celui de mon collègue. Saint-Simon : tel était l’auteur dont il semblait au premier chef être le spécialiste ; et le genre des mémoires : tel était le centre générique de sa réflexion. J’imagine que, plus ou moins consciemment et même si je n’étais encore fixé sur aucun texte précis, commençaient à s’activer dans mon esprit des réponses aux possibles qu’ouvraient les recherches de Marc Hersant. Puisque j’étais apparemment protégé contre une possibilité de transgression majeure – Franck Lestringant me donnant à lire un texte d’André Gide ou Marc Fumaroli un texte de Huysmans ou de Maurice de Guérin[1] –, mon attente était limitée par un horizon ; elle s’en trouvait autant apaisée qu’alarmée : Saint-Simon, d’accord, mais je ne l’avais à peu près jamais lu et redoutais d’exposer aux yeux des collègues une ignorance inavouable. La lecture oublieuse, non pas même des Mémoires, mais simplement des quelques extraits de l’ouvrage figurant dans le Lagarde et Michard ne constituerait sans doute pas un viatique suffisant.

Mais étonnement il y eut : si l’envoi par mon collègue du texte de Saint-Simon confirmait mes attentes, le récit de la vie de la duchesse de Lorges me surprit, et par la beauté de son écriture – d’où le sentiment de gratitude éprouvé pour Marc Hersant, qui m’avait donné un texte si magnifique à lire –, et par ce que la figure de cette femme me semblait avoir de moderne. Une femme vivant à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle cède si bien à « la passion du jeu et des plaisirs » qu’elle en vient, à force de nuits écourtées, à s’épuiser et finalement à mourir en couches. Ce parcours météorique relaté par Saint-Simon avec une rapidité (à peine vingt lignes pour toute une vie) et un sens de la litote remarquables, entre sympathie (« J’étais fort bien avec elle ») et cruauté (« mais je lui disais toujours que pour rien je n’eusse voulu être son mari ») me fit aussitôt penser à Georges Bataille et à Roger Vailland, aux notions de dépense et de souveraineté. Le texte avait été rédigé il y a près deux cents ans, mais les siècles ne s’étaient-ils pas contractés et n’étais-je pas chez moi ? Oubliée, la duchesse de Lorges : à l’ Alexeï Ivanovitch et au Raphaël de Valentin du Joueur et de La Peau de chagrin vinrent se substituer bientôt la figure de l’acteur Jean Lefebvre ruiné au jeu, les nuits du Palace des années 1980 et l’ouvrage de François Jonquet Les Vrais paradis, feuilleté peu de temps auparavant dans une librairie, les éclairages à la bougie de Barry Lindon, la mort de l’égérie pop Ultra Violet devenue mormone sur le tard, la figure d’Amanda Lear, le canapé Boca inspiré à Dali par Mae West, Mae West elle-même – et je m’arrêtais là, surpris et incrédule. Que faire de ces associations d’idée qui, dans un certain désordre, entre lieux, époques et registres différents, en disaient sans aucun doute moins sur le texte de Saint-Simon que sur mes curiosités culturelles du moment, les associations de mon imaginaire ou de l’imaginaire d’un homme d’une certaine classe sociale et d’un certain milieu socio-professionnel au début du XXIe siècle ? J’étais chez moi, oui, mais prisonnier de projections – encre de sèche obscurcissante jetée vers le passé – à partir desquelles il eût été hasardeux de proposer une lecture du texte extrait des Mémoires du duc et pair. Ou, à la manière du Caillois autobiographe de La Nécessité d’esprit, il aurait fallu procéder à une lecture seconde, lecture de la lecture, des mécanismes psychiques qui lui sont associés et en particulier des associations d’images et d’idées qu’elle entraîne. Je ne me voyais pas pratiquer publiquement une telle dissection.

Je décidais de concentrer de nouveau mon attention sur Bataille et Vailland. La dépense qui caractérisait la vie de la duchesse de Lorges jusqu’à la lui faire perdre, constituait-elle une affirmation de souveraineté ou au contraire une forme d’aliénation ? Je passais en revue mes savoirs disponibles. En termes anthropologiques, la dépense jusqu’à la mort, n’est-ce pas le mouvement de la vie même, et la duchesse de Lorges n’en avait-elle pas simplement accéléré le cours et intensifié l’économie ? En termes de gender, qu’elle fût une femme rendait-il son comportement plus scandaleux, plus excusable ou bien cela était-il indifférent ? Et convenait-il de prendre en compte que ce fût un homme qui relatait sa vie ? En termes de classe sociale, sa dépense apparemment excessive ne manifestait-elle pas une qualité somptuaire bien accordée à son appartenance à l’aristocratie mais qu’elle poussait jusqu’à sa perversion ? D’un point de vue plus littéraire (mais les Mémoires relèvent-elles de la littérature ?), je me demandais aussi ce qui avait poussé Saint-Simon à faire figurer la vie de cette femme dans son récit et comment rendre compte des choix qui avaient présidé à la forme qu’il lui avait donnée.

Puis survint une question inquiétante : mon étonnement devant la modernité de cette figure féminine n’était-elle pas surtout le fruit de mon ignorance, de ma naïveté, pire encore, car plus aveuglant, de ma propre spécialité ? J’avais lu ce texte en « spécialiste » de la littérature du XXe siècle (et d’un certain XXe siècle dont, pour le reste, j’ignore bien des territoires). En lisant Saint-Simon à la lumière de mes connaissances concernant Vailland et Bataille, je m’étais transformé en littéraire sauvage enjambant les siècles. J’avais aussi lu ce texte avec d’anciens souvenirs de cours concernant la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles : les mots rapidité, sympathie et cruauté, le mot litote surtout, connotant l’esthétique classique, que j’avais employés à propos du texte de Saint-Simon n’étaient-ils pas déjà fort maladroits ou, pire encore, fruits d’une connaissance de troisième main qui ne faisait qu’aggraver ma lecture fort lointaine et lacunaire des Mémoires ?

Dans le parcours de l’enseignant-chercheur d’aujourd’hui comme dans celui de l’élève et de l’étudiant du passé, le hasard avait fait que Saint-Simon ne s’était jamais trouvé inscrit à mon programme. Mais pouvais-je légitimement me prétendre vingtiémiste, comme on dit, sans avoir lu Saint-Simon et, avec lui, les auteurs des siècles antérieurs au XXe siècle ? C’est notre partage séculaire qu’interrogeait mon ignorance. Je pensais à Philippe Sollers, je pensais à Guy Debord, je me disais que, si j’avais été spécialiste de l’œuvre de l’un ou de l’autre, j’aurais nécessairement lu Saint-Simon. Mais je ne l’aurais lu que parce ces deux auteurs m’auraient mis sur sa piste, je l’aurais lu à la remorque de leur propre admiration pour lui et des traces qu’il laisse dans leur œuvre. À côté d’autres auteurs qui avaient pu faire référence à lui et que j’aurais pu identifier le cas échéant, n’y avait-il pas aussi une présence spectrale de Saint-Simon (comme de n’importe quel auteur du passé, d’ailleurs) que je me devais d’identifier pour mieux comprendre la littérature du XXe siècle ? Je pensais au présentisme qui est au temps ce que l’ethnocentrisme est à l’espace, je pensais aux siècles passés qui s’éloignaient, à la première moitié du XXe siècle qui elle-même était en train de basculer dans le passé, à Stendhal, Balzac et Flaubert qui avaient longtemps formé le cœur de la culture littéraire du lycéen et qui à présent deviennent étrangers à mes étudiants (comme avaient sans aucun doute commencé de l’être Molière, Corneille et Racine pour l’enfant que je fus, quand jaunissaient encore dans les cartons d’un grenier de campagne les Petits Classiques Larousse des Femmes savantes, de Rodogune et de Mithridate lus et écornés par mes parents).

L’étonnement heureux laissa la place à des sentiments bien différents : la peur de l’inconnu, la honte de ce 25 juin lors duquel il allait me falloir commenter un texte qui tout à coup devenait presque aussi opaque que s’il avait été écrit dans une langue étrangère et face auquel je me sentais fort démuni.

Le désir qui naquit alors d’acquérir un savoir fut de l’ordre du réflexe de survie (académique) et, la tête déjà à moitié sous l’eau, l’esprit en perdition, j’entrepris de me saisir de toute bouée disponible. Dans la liasse de textes telle qu’elle était proposée par les organisateurs du colloque, Marc Hersant fournissait obligeamment trois indications qui étaient comme des balises posées en direction de ce que nous, « littéraires », nommons aussi, comme les autres (les sociologues ou les mathématiciens), la recherche. En tête du texte figurait d’abord la présentation suivante : « Saint-Simon, Mémoires (écrits en 1739-1750) », qui indiquait le nom d’un auteur, le titre d’un livre, ainsi que la date de sa rédaction, et je pouvais donc, d’abord, opérer une contextualisation et une co-textualisation de l’extrait qui m’était proposé. Qui était ce Saint-Simon ? Quelle place occupait la duchesse de Langres dans ses Mémoires ? Et l’un et l’autre, quel rôle avait-il joué durant le règne de Louis XIV ? Une note située à la fin de l’extrait indiquait ensuite « Mémoires, éd. Yves Coirault, Gallimard, “Bibliothèque de la Pléiade”, 1983-1988, vol., ici IV, 778-79 ». Précision salutaire, et doublement, puisque j’allais pouvoir commencer par une lecture du co-texte le plus immédiat, et, qu’avec une Pléiade des années 1980, je pouvais espérer une édition savante dotée d’une solide préface et fourmillant de notes riches en renseignements qui allaient sans doute m’être utiles. Enfin, à la suite d’une phrase du texte de Saint-Simon (« La duchesse de Lorges […] ne crut jamais que la France ni le roi pût se passer de son père »), une note indiquait : « Chamillart, pourtant disgrâcié en 1709 ». Comme les autres indications, celle-ci aurait dû me rassurer : elle renforça plutôt mon inquiétude. D’un côté, je ne voyais pas l’intérêt majeur qu’elle pouvait représenter, mais, de l’autre, si Marc Hersant avait pris la peine de la fournir, c’est sans doute qu’elle revêtait une certaine importance. Fallait-il que j’oriente ma lecture du texte vers un questionnement politique qui aurait mis en relation la disgrâce du père et les débordements de la fille ? Était-ce plutôt un trait de caractère de la duchesse qui m’était indiqué et devais-je m’intéresser à sa présomption ? Je retrouvais une très vieille hantise, que l’on pourrait nommer la hantise Garnier Jaune, du nom de cette édition savante dont les notes indiquent les variantes et éclairent l’identité des noms propres mais en restent à ces indications minimalistes plus terrorisantes qu’autre chose pour l’étudiant.

Concernant l’acquisition d’un savoir, plus précisément d’un savoir érudit, comme réflexe, deux références me vinrent à l’esprit. La première, celle d’un texte de Charles Péguy daté de 1904, dans lequel, à l’occasion de la critique d’un livre de Taine, La Fontaine et ses fables (16e édition, Hachette, 1903), il moque les positivistes qui, à force de contextualiser le texte, finissent par l’oblitérer complètement en le recouvrant d’une masse de considérations sur l’auteur, son époque, l’état de la langue dont il fait usage ou les sources dont il s’inspire[2]. Le spectre du lansonisme universitaire m’apparut alors qui, à force d’exigences érudites extrinsèques, soit en reste toujours aux préalables de l’étude elle-même, soit ne cesse de rapporter l’inconnu au connu, l’événement à ce qui le précède et le nie. La seconde référence était celle d’Evelyne Grossman, et du titre de son livre, L’Angoisse de penser, paru en 2008. Comment étais-je passé du plaisir et de l’étonnement à la peur de l’inconnu et, dans le même temps, de la gratitude au désir de savoir ? Devais-je comprendre que le moteur de ce désir est essentiellement réactif et vise une forme de maîtrise faite pour rassurer qui redoute de ne comprendre goutte et se trouve pris à la gorge ? Puis-je l’avouer ? Je regrettais d’être devenu savant, tandis que remontait du passé le plaisir désordonné et insouciant de mes lectures d’enfance.

Avec ce parcours à la fois affectif et méthodologique déployé dans une chronologie en grande partie artificielle, quand les sentiments éprouvés et les réactions envisagées le furent instantanément ou dans un temps très rapproché, ne commençais-je pas déjà à masquer par du blabla le vide du que vais-je bien pouvoir dire ou l’affolement du trop-plein qui oppresse la poitrine et ne trouve pas ses mots ? Lire au plus vite Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? ne pouvait m’être d’un réel secours. Si mince qu’elle soit mais bien plus riche qu’un dictionnaire des œuvres, car les contenant toutes et à jamais – celles du passé comme, par avance, celles qui verraient le jour à l’avenir –, cette somme abrégée de Pierre Bayard dépassait déjà de toutes parts par sa virtuosité ce que j’aurais pu en tirer pour mon compte. Ennui des illustrations répétitives, médiocrité de l’épigone, portée réduite du Bayard appliqué comme de tout autre type d’application : tout ce qui, sans aucun doute, le ferait sourire et que ses livres cherchent à mettre en échec. Il m’apparaissait que son œuvre ne valait que pour elle-même ou, c’est la même chose, qu’elle était celle d’un écrivain – et d’un écrivain des possibles, précisément, plus que de l’advenu ou de l’à-venir – invitant son lecteur à poursuivre sur d’autres chemins ce qu’elle-même avait engagé à sa manière. Savoir, croire savoir, était-ce donc une manière de ne pas avoir à penser – comme un contournement, une dérobade, l’évitement d’une corne de taureau ?

Lisant le texte de Saint-Simon, je me retrouve dans la position de l’étudiant, quand bien même j’ai passé quarante-cinq ans et tout professeur d’université que je sois. Et dans une position plus précise encore : celle du candidat qui s’apprête à passer l’épreuve orale d’un concours ou d’un examen contenant une explication de texte hors-programme et qui a tiré son texte, comme on dit alors, ou qui est tombé dessus, comme on dit ensuite. Situation anxiogène par excellence : la tête vide, la pensée blanche ou qui patine, comme cela m’arriva en quelques occasions ayant à parler de livres que je n’avais pas lus ou d’un extrait que je ne parvenais pas à lire. Mais situation qui, bien au-delà de la seule position estudiantine, interroge le rapport au texte comme rapport à la pensée, et la quête de savoir comme manière particulière, finalement, d’entrer dans la pensée sur le mode couplé, et d’une relégation du plaisir premier de l’étonnement, et, sinon d’une occultation, au moins d’une mise à distance des émotions et des sentiments de déplaisir que suscite la peur.

Devais-je dès lors devenir un « spécialiste » de Saint-Simon ? Le devais-je, mais d’abord, le pouvais-je ? Clairement, non. Au mieux, j’aurais bachoté et acquis en quelques semaines un semblant de spécialisation, une teinture d’érudition, du type de celles de l’étudiant d’agrégation que je fus, ou du préparateur que je suis. J’aurais acquis un savoir de fortune, et mon discours aurait été celui d’un demi-savant. Ce n’est pas nécessairement le pire discours qui soit, mais à condition d’être bien conscient de ses limites, que renforce encore le cadre des exercices imposés qui en viennent à penser à la place des textes. Quel intérêt cela présenterait-il toutefois dans un cadre comme ce colloque qui n’est pas celui d’un concours ou d’un examen ? Etquand bien même j’aurais eu le temps de devenir un érudit et serais devenu un spécialiste du genre des mémoires et de l’œuvre de Saint-Simon, en aurais-je été davantage avancé ? Le risque n’aurait-il pas alors été de croire en ma maîtrise et d’adopter une posture de supériorité par rapport au texte, dans laquelle seraient venues se lier motions individuelles réactives (écarter la peur de l’inconnu et l’angoisse qu’elle suscite) et institutionnalisation des études de lettres (jouer au professeur, accentuer les écarts entre enseignants et enseignés, tabler sur une distinction qui justifierait mon statut) ?

J’ai évoqué tout à l’heure l’idée de transgression : écrire sur Gide quand on est seiziémiste, écrire sur Huysmans ou Guérin quand on est dix-septiémiste. Je repense aux historiens de la philosophie tançant Sartre d’avoir mal compris la pensée de Heidegger, aux historiens de l’art jugeant que le texte de Michel Foucault sur Les Ménines est historiquement faux ou encore aux sinologues accusant François Jullien de construire la Chine comme une altérité absolue qu’elle ne serait pas[3]. Ces critiques sont importantes, bien sûr, – il faut s’efforcer de comprendre Heidegger, Velazquez ou la Chine –, mais, en même temps, elles n’ont aucune importance – car on trouve aussi du profit à lire Sartre, Foucault ou François Jullien en oubliant Heidegger, Velazquez et la Chine. Il s’agit donc bien de cela : établir un partage, moins entre lecture érudite (autorisée) et lecture naïve (répréhensible) – l’érudition, ici, ne peut être invoquée ni à charge, ni à décharge –, qu’entre lecture productrice de pensée – fût-ce au prix d’erreurs, voire de contresens – et lecture qui ne le serait pas, lecture sans pensée, c’est-à-dire lecture qui répète : qui répète ce que dit le texte (la paraphrase), qui répète ce que d’autres ont dit du texte (lecture d’autorité) ou qui fait du texte la répétition d’un déjà-là (lecture tendancielle des sciences humaines) – lecture qui ne fait pas événement d’un texte nié lui-même comme événement. Devenant un spécialiste d’un petit canton de la littérature française du XVIIIe siècle, j’aurais été en fait aussi peu avancé que le spécialiste du XXe siècle quand il est confronté à une œuvre relevant des quelques arrondissements textuels qu’il a parcourus.

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Du plus loin qu’il m’en souvienne – sans doute dès avant ma naissance – il y eut chez mes parents une gravure d’un goût détestable représentant l’épisode bien connu du « Lion amoureux » : à l’orée d’une espèce de grotte ou de caverne, une femme nue, aux cheveux relevés en chignon vers le haut de la tête, est assise et se penche amoureusement vers un énorme lion à l’air complètement abruti. Ce qui me frappe dans cette gravure, c’est beaucoup moins le danger d’être déchirée que court la femme, que la bêtise du lion, gros mâle qui se laisse berner. J’y vois aussi une marque du mauvais goût de mon père.

On m’a raconté qu’un homme que j’ai connu, et qui s’est suicidé, se rappelait avoir conçu, dès sa première enfance, une haine irrémissible à l’égard de son père, du jour qu’il l’avait entendu péter. L’hostilité que j’ai contre le mien vient surtout de son aspect physique inélégant, de sa vulgarité bonasse et de l’absence totale de goût qu’il avait en matière artistique. Possédant une voix de ténor agréable, il chantait des romances de Massenet, et cette sensualité bébête m’exaspérait. Je n’ai jamais eu l’idée qu’il pût se passer quelque chose de vraiment érotique entre ma mère et lui. Jugeant stupide son métier de boursier (et je pense aujourd’hui que ce mépris qu’il avait de sa profession fut un des beaux côtés de son caractère) il avait rêvé pour ses deux fils aînés de carrières artistiques : le premier devait être décorateur, le second violoniste ; quant à moi, l’on me destinait à Polytechnique... Pauvre homme ! La destinée l’a bien trompé : à l’heure actuelle, mes frères aînés sont tous deux boursiers et il n’y a guère que moi qu’on puisse, si l’on y tient, considérer comme un « artiste ».

Michel Leiris, L’Âge d’homme (1939)

En venant à présent à ma lecture du texte de Michel Leiris, je retrouve cette série de questions : comment faire avec l’angoisse de penser et, plus précisément, l’angoisse de penser devant l’inconnu ? Comment faire autrement que se soumettre, terrorisé et terroriste, à l’érudition et aux savoirs établis ? Et il faudrait aussi demander : comment penser dans le plaisir et dans la gratitude ?

La structure profonde de ce texte de L’Âge d’homme s’organise autour d’un sentiment dominant, l’agressivité à l’égard du père, et se révèle assez clairement démonstrative dans le procédé de mise en abîme qu’il met en œuvre. À partir d’un exemple, en l’occurrence une gravure assez laide présente chez ses parents et représentant l’épisode du « Lion amoureux », le narrateur généralise en expliquant que son père avait mauvais goût et manquait d’élégance, ce qui permettrait finalement de comprendre pourquoi aucun de ses fils n’a réellement suivi la voie artistique qu’il avait espérée pour eux. Il se trouve toutefois que ce que représente la gravure, œuvre d’art inscrite dans le récit littéraire qu’est L’Âge d’homme, évoque de manière assez transparente le regard que le petit Michel pouvait porter sur le couple que forment ses parents : le « lion amoureux » et la femme penchée « amoureusement » sur lui figurent le couple du père et de la mère, représentation d’un bonheur conjugal insupportable pour le fils jaloux qui est donc conduit, comme on pouvait s’y attendre, à épargner la « femme nue » et à dévaloriser la figure du « lion », mais aussi et surtout – ce qui constitue un démarche bien plus intéressante et moins attendue – à disqualifier la gravure d’un point de vue esthétique. On voit où conduit ici le dépit amoureux du petit Œdipe : la haine du père, dont il est également question dans les éléments de portrait à charge qui sont au cœur du passage, est sublimée en dégoût de type esthétique ; le dégoût de la chose, lion ou père, cède la place au rejet de sa représentation ; la rivalité avec le père pour la possession de la mère est remplacée par un désaccord de nature esthétique Est-ce à dire que la sublimation du petit Michel, ce goût pour l’art qui le conduira lui-même à la poésie et à la littérature, est essentiellement une arme de guerre contre le père ? Pas exactement, et c’est là que le texte se montre d’une grande subtilité :s’il ne devient pas ce que son père souhaitait pour lui, l’artiste Leiris réalise en effet tout de même, à sa manière, le projet qu’il avait en revanche envisagé pour ses deux frères aînés. Tous deux sont devenus boursiers, quand il espérait que le premier deviendrait décorateur et le deuxième violoniste, et c’est le petit dernier qui, destiné à Polytechnique, se retrouve poète, tout en revendiquant des choix esthétiques différents de ceux de son père et, plus fondamentalement encore, en substituant l’idée de la poésie comme vocation et art de vivre à celle de la poésie comme carrière. Quelque chose passe bien du père aux trois fils, quelque chose qui est de l’ordre du désir, mais quelque chose qui se déplace, qui ne se retrouve pas tel quel, le paradoxe étant même encore renforcé par le fait que c’est le fils prétendument dégoûté par son père qui s’est montré en fait le plus fidèle à son désir et s’est peut-être même trouvé encouragé par lui dans cette voie.

Ce qui m’intéresse dans cet extrait de L’Âge d’homme, c’est d’abord l’hétérogénéité et la multiplicité des références – quelque chose d’un grand écart entre, d’abord, le culturel et le trivial, et, ensuite, le social et le familial. Du côté du culturel, on trouve d’abord « Le lion amoureux », qui renvoie directement au titre d’une fable de La Fontaine et, en-deçà, à celle d’Esope, « Le lion amoureux et le laboureur », mais aussi la mention des « romances de Massenet » qui évoque la musique classique de la seconde moitié du XIXe siècle et enfin, dissimulée derrière la mention de l’homme « suicidé », une allusion à Raymond Roussel. Du trivial relèvent la sexualité parentale que Leiris peine à envisager et les pets paternels qui dégoûtent le fils Roussel. La dimension sociale du texte se manifeste avec la mention d’un père boursier et les diverses carrières envisagées pour les jeunes bourgeois que sont ses trois fils, décorateur, violoniste ou polytechnicien. Quant à la famille, elle est essentiellement représentée par les trois figures du père, de la mère et du fils.

Tout cela est tissé ensemble, et j’y vois une première mise en garde : éviter la lecture littéraire du texte littéraire, c’est-à-dire une lecture qui serait enfermée dans le texte comme réécriture d’autres textes ou d’autres types d’œuvres. L’érudition n’est pas inutile, mais elle n’est pas tout, elle ne dit pas tout, et l’on doit se garder de la tentation de faire du savoir strictement lettré, objet privilégié des études littéraires elles-mêmes, l’alpha et l’oméga des textes que nous étudions. Comme le sociologue qui voit dans le texte littéraire un objet social – produit par le monde social et le reflétant selon diverses modalités –, comme le psychanalyste qui le considère comme un objet qu’a produit la psyché humaine et qui lui parle, ou comme l’historien, l’anthropologue ou le linguiste qui ont tendance à procéder de façon comparable, le littéraire ne doit pas confondre le plan de la discipline dans laquelle il inscrit sa recherche et celui d’un objet qui ne peut lui être réduit et qui la déborde de toute part. Une œuvre littéraire, c’est fait deça, tout ça, ce qui exige d’ouvrir au maximum, en se méfiant d’une éventuelle surdité professionnelle, le spectre de ce qu’on est prêt à entendre : être attentif à toute la gamme de l’humain (et donc aussi à un grand nombre de disciplines).

Se joignent ici – et c’est le second point qui m’intéresse –, le familial (le papa/maman) et le littéraire (qui est d’un ordre tout autre) dans une perspective de lecture socio-analytique qui me semble devoir être privilégiée. Je ne saurais dire si j’ai fait le moindre choix ou si s’est imposée à moi cette lecture très rapide que je m’apprête à faire – à faire échouer. Il est probable que j’aie été poussé dans cette direction par ma propre formation, par les livres lus sur l’œuvre de Leiris, par Leiris lui-même et par L’Âge d’homme en particulier. Poussé dans la nasse, donc, prisonnier d’une certaine répétition, où j’espère quand même faire entendre ma petite musique.

Ce qui s’éclaire d’abord ici, c’est le caractère imprévisible des transmissions d’une génération à l’autre et les multiples formes qu’elle peut prendre ; les désirs que conçoivent les parents pour leurs enfants rencontrent la liberté de ces derniers : les frères aînés sont fidèles, non au désir de leur père, mais à leur père lui-même en faisant le même métier que lui ; devenu adulte, le petit Michel refuse quant à lui de s’identifier à son père et répond à un désir paternel qui ne lui est pas adressé ; les uns et les autres préservent finalement leur liberté – ce qui ne va certes pas sans de profondes incompréhensions. Ce qui est aussi plus précisément posé, c’est la question de la créativité, de la sublimation – de cette étrange transmission qui ne va pas sans supplément, sans différence, et dont les conditions de possibilité restent mystérieuses. Quel rapport est-il possible d’établir entre agressivité à l’égard du père et créativité littéraire ? Peut-on parler de déplacement de l’agressivité d’un plan (oedipien) sur un autre (esthétique) ? Ce déplacement vaut-il seulement pour L’Âge d’homme ou pour toute l’œuvre de Leiris ? Vaut-il pour Roussel ? Vaut-il pour tous les écrivains ou plus particulièrement pour les écrivains d’avant-garde qui s’affichent comme écrivains de la rupture par rapport à la tradition (tout en ménageant des filiations plus ou moins reconnues) ? Quel rapport entre l’agressivité, la créativité et le suicide (suicide de Roussel, et ailleurs, dans Fibrilles, récit d’une tentative de suicide de Leiris lui-même[4]) ? J’ai évoqué tout à l’heure ma méfiance devant l’idéalisation littéraire de la littérature. La prise de conscience d’une certaine précarité de la créativité littéraire constitue un mobile d’admiration qui me semble davantage fondé. Un petit garçon amoureux de sa mère et jaloux de son père (qui ne le fut ?) écrit autour de la trentaine (c’est déjà plus rare) un livre dans lequel il raconte de quoi est fait son imaginaire et comment il est devenu écrivain, pour finalement reconnaître qu’il n’est pas davantage avancé et rester devant le mystère de qui n’a jamais appris à écrire ni surtout cessé de le faire.

Se pose ainsi la question de l’événement irréductible que constitue l’œuvre. Ce que je lis dans ce texte de Leiris, c’est une image de la lecture comme quête des sources entendues au sens très large : quête qui n’est pas tout à fait vaine, mais à la condition de ne pas réduire le texte à la somme ou même à l’articulation de leur présence au moyen des outils répertoriés de l’analyse littéraire. L’interprétation reste ainsi en suspens : les références érudites, l’herméneutique analytique, disent bien des choses, mais elles ne parviennent à réduire, ni la créativité de l’auteur, ni le texte qui en constitue la trace.

Ce que je voudrais mettre en avant et qu’on pourrait encore amplifier, c’est ainsi une forme de dépense – qui évoque celle de la duchesse de Lorges et qui pourrait, comme celle de cette dernière, conduire l’interprète à une élucidation répétée et sans fin, alors dangereuse sans doute. Une forme de dépense qui doit être conduite jusqu’à l’épuisement des sources et jusqu’à la limite de l’interprétation – pour un dessaisissement qui dégage et fait mieux apparaître l’événement que constituent le texte et sa rencontre – avant relance ailleurs, en d’autres temps, par d’autres ou le même. Il s’agit d’une dépense positive – j’avais d’abord écrit sportive, et en effet, elle l’est –, dont on ne peut dire qu’elle ne rapporte rien, mais dont le gain n’est pas de l’ordre du savoir : une dépense sur un certain plan (le plan du savoir), mais un gain sur un autre (faire l’expérience de l’inconnu). Car tel est l’événement que constitue le texte : hétérogène, multiple et résistant finalement à toute élucidation savante comme à toute mise en ordre théorique – signant l’échec de la paranoïa interprétative dont parle Pierre Bayard. Tel est l’événement dont je suis le spécialiste, dont je ne saurais être le spécialiste et qui excite ma curiosité sans que je puisse prétendre donner le fin mot de l’histoire. Et tel, je crois, est aussi mon plaisir : être saisi par le texte, m’en saisir et m’en dessaisir. J’allais écrire faire face à ce qui résiste, mais c’est trop agonistique ; plus simplement, et avec l’ouverture réciproque que cela suppose : rester sur la brèche.




[1]           Voir J.-K. Huysmans, À rebours, édition présentée, établie et annotée par Marc Fumaroli, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1977 ; Maurice de Guérin, Poésie, édition présentée, établie et annotée par Marc Fumaroli…, Paris, Gallimard, coll. Poésie, 1984.

[2]           Charles Péguy, « Zangwill » [Cahiers de la Quinzaine, 25 octobre 1904], Œuvres en prose complètes, Tome I, Édition présentée, établie et annotée par Robert Burac, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1987, p. 1396-1451.

[3]           Voir par exemple respectivement Françoise Dastur, « Réception et non-réception de Heidegger en France », Revue germanique internationale, n° 13, « Phénoménologie allemande, phénoménologie française », 2011, p. 35-57, à l’adresse http://rgi.revues.org/1120 ; Daniel Arasse, Les Sciences humaines et l’œuvre d’art, Paris, éditions de La Connaissance s. a., coll. Témoins et témoignages / Actualité, 1969, p. 49-77 ; Jean-François Billeter, Contre François Jullien, Paris, Allia, 2006.

[4]          Tentative qui a lieu dans la nuit du mercredi 29 au jeudi 30 mai 1957.

 

 
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