Inédit

L’échelle du trauma, de l’intime au collectif
(Leslie Kaplan, Annie Ernaux, Mathieu Riboulet)

 

 

 

Préambule

 

Les 13, 14 et 15 décembre 2018 s’est tenu un colloque international sous l’égide de Transitions consacré à « Littérature et trauma ». Il a rassemblé trente-six communiquants réunis en sessions, elles-mêmes réunies en journées. Morgane Kieffer a présenté sa contribution vendredi 14 décembre, journée consacrée aux « équivoques à éclaircir », lors de la session « Individuel vs collectif, trauma vs traumatisme ».

À travers les exemples de Leslie Kaplan, Annie Ernaux et Mathieu Riboulet, elle interroge différentes sortes de traumas : « trauma des corps singuliers et trauma des corps sociaux, traumas historiques et traumas ontologiques, qui se disent sous trois régimes qui sont autant de manières de faire du trauma le lieu d’une parole politique ». Les régimes énonciatifs différents de ces trois textes la conduisent à interroger le « nous » ainsi construit et le modèle de communauté qu’il porte.

H. M.-K. et T. P.

Morgane Kieffer est docteure en littérature française. Elle enseigne à l’université Paris Nanterre. Ses travaux portent sur le renouvellement des écritures romanesques depuis les années 1980, particulièrement chez Leslie Kaplan, Jean-Philippe Toussaint, Christine Montalbetti et Tanguy Viel.

 

 

 

 

 

L’échelle du trauma, de l’intime au collectif
(Leslie Kaplan, Annie Ernaux, Mathieu Riboulet)

 

 

Morgane Kieffer

06/04/2019

 

 

Leslie Kaplan : trauma collectif, trauma universel ? (je, on)

L’usine, la grande usine univers, celle qui respire pour vous.
Il n’y a pas d’autre air que ce qu’elle pompe, rejette.
On est dedans.
Tout l’espace est occupé : tout est devenu déchet. La peau, les dents, le regard. (incipit)

Leslie Kaplan écrit son premier texte plus de dix ans après la fin de son expérience d’établissement en usine, aux côtés d’autres intellectuels de sensibilité maoïste. L’Excès-l’usine, paru chez P.O.L en 1982, se donne ainsi sous la forme d’un témoignage anonyme, puisque l’énonciation est entièrement produite par un « on » qui marque la négation de toute subjectivité, de toute personnalité, qu’impose l’avalement de l’usine.

Pour situer ce choix, L. Kaplan invoque le modèle de L’Espèce humaine, de Robert Antelme. Ce texte sur l’expérience concentrationnaire, lu après l’écriture du sien, éclaire rétrospectivement son propre choix énonciatif, et se cristallise a posteriori le parallèle lancinant qui soutient le livre entre l’univers quasi-carcéral de l’usine et l’espace concentrationnaire. « Je pense que Robert Antelme, lui aussi, a vu le “on” s’imposer à lui[1] », écrit-elle. Ce travail de l’amodalité a donc maille à partir avec ce qu’Adorno appelle une expérience de la vie mutilée.

Sur le plan de la réception, le « on » de L’Excès-l’usine[2] aménage les contours d’une subjectivité vacante, dans laquelle le lecteur est amené à se « glisser ». L’effacement de la conscience individuelle fonctionne comme un inclusif adressé au lecteur, appel à s’identifier et à faire sienne l’expérience du travail d’usine. Ainsi devenir personne, par renversement des extrêmes, signifie aussi représenter tout le monde.

S’opposent donc deux valences de cette anonymisation : l’anonymat qui touche à l’indéfini pour mettre en écriture un trauma, celui de la disparition du subjectif, qui anéantit(« je ne suis personne ») ; contre un anonymat qui touche à l’infini pour porter une volonté du collectif à la fois éthique et politique(« je suis tout le monde »).

Cette écriture-là du trauma fonctionne à la lecture comme une volonté de saisissement, telle que Claude Mouchard la décrit dans Qui si je criais… ? Œuvres-témoignages dans les tourments du xxesiècle. Elle programme une réception « à demi hallucinatoire[3] », pour reprendre les termes de C. Mouchard. Le jeu des pronoms, les procédés de l’écriture blanche qui dégage la page pour donner plus de place à la représentation mentale, voire à la compassion, participent d’une remise en circulation de la subjectivité à partir du trauma. Le lecteur est présent entre les lignes à travers un travail complexe d’expressivité : il s’agit de faire signe à l’autre (je renvoie ici aux réflexions de Patrice Loraux sur le « lien entre passibles[4] »). C’est un trauma qui réunit – au risque toutefois d’une appropriation, voire d’une confiscation de la parole des victimes par cette union proche de l’amalgame ; au risque aussi d’un forçage vers l’universel, qui arase l’histoire et écrase le politique (L. Kaplan déplore ainsi au même titre l’esclavage des Noirs aux États-Unis, l’extermination systématique des Juifs d’Europe et le travail à l’usine).Face au « on » inclusif en effet, une seule occurrence du pronom personnel de la première personne apparaît dans L’Excès-l’usine : « Personne ne peut savoir le malheur que je vois[5] ». Cette phrase constitue une citation, traduite d’un air repris dans les plantations de coton et qui est cher à Leslie Kaplan : « Nobody knows the trouble I’ve seen », interprété notamment par Louis Armstrong, et qui donne son titre au premier volume de la série Depuis maintenant, de même que son surnom à l’héroïne du roman. L’énallage temporelle de la traduction renforce la saillance de l’incursion personnelle qui porte, dans la version originale, la complainte des esclaves noirs des plantations américaines. Ainsi, la comparaison fait signe vers un supposé irréductible de l’humain, qui permet et justifie que l’auteure replie les unes sur les autres comme exactement similaires les trois expériences de l’esclavage des Noirs aux États-Unis, de la captivité dans les camps de la mort nazis, et du travail en usine – toujours en se plaçant du point de vue de la victime. Un impensé de ce texte est alors celui de la situation de l’écriture : l’engagement de L. Kaplan, pour contestataire qu’il soit, demeure à l’écart des apports de la sociologie bourdieusienne et des études culturelles plus récentes, particulièrement autour de l’épistémologie du point de vue et de l’intersectionnalité[6].

Annie Ernaux : trauma singulier, trauma sociologique (je, elle)

C’est une autre honte que celle d’être fille d’épiciers-cafetiers. C’est la honte de la fierté d’avoir été un objet de désir. D’avoir considéré comme une conquête de la liberté sa vie à la colonie. […] Honte des rires et du mépris des autres. C’est une honte de fille. (108)

Dans Mémoire de fille[7], le trauma d’une première nuit sexuelle catastrophique (et que la narratrice n’arrive pas réellement à reconnaître comme un viol) est élargi à l’échelle de toute une communauté : celle des filles. Ce qu’Annie Ernaux décrit dans ce livre, à cette heure encore son dernier, c’est à la fois la scène singulière de la nuit entre « H » et celle qu’elle était à 18 ans (« Annie Duchêne ») et l’éveil d’un désir immédiatement humilié parce que né au cours d’un viol et sanctionné ensuite – c’est là l’aspect sociologique, collectif – par une mise au ban de la fille désirante par la communauté des amis et des parents. Face à cette solitude, à ce désir frustré et à ce mépris qu’elle intériorise, « la fille de 1958 » (car la narratrice refuse d’employer le « je » pour parler de celle qu’elle était alors) sombre dans la boulimie, pendant deux ans : ce livre serait donc à la fois le récitd’une incorporation(je reprends ici les termes de N. Abraham et A. Torok[8]sur l’incorporation comme mécanisme de refus et de dérobade face au trauma par démétaphorisation et objectivation – avaler un objet pour ne pas affronter la véritable perte – entre 1958 et 1960 où se déroule l’intrigue) et une entreprised’introjectionpar l’écriture (faire sienne cette perte, ce trauma : « explorer le gouffre entre l’effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive, et l’étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé[9] »). Il est aussi un travail de mise en commun, de remise en circulation de ce traumatisme dans une visée sociologique (puisque la narratrice inscrit son expérience personnelle intime dans le cadre collectif d’« une honte historique », d’« une honte de fille »).

Dans cette perspective, le jeu entre les trois pronoms : ellepour la fille de 58, jepour le Je narrant, et cette collectivité implicite qu’on hésite à appeler elles(suite de noms, extériorité de la preuve ou du document) ou nous(un nous féminin qui se constituerait par le regard rétrospectif du je narrant) pose la question de l’extension possible du trauma (le mépris du désir féminin, vécu sous les formes des quolibets, injures, exclusions ou abandons), voire de sa résolution dans l’extension. En cherchant le collectif dans le particulier (le ellesdans le elle), l’écriture convertit-elle le trauma en prise de conscience, sinon politique, du moins sociologique ? Y a-t-il un soulagement à savoir la douleur traumatique éprouvée collectivement ? A. Ernaux bien plutôt veut ausculter sa douleur, et elle veut la situer– dans la tradition bourdieusienne qu’elle applique aussi à son origine sociale. C’est dans la circonscription exacte de cette douleur que peut s’atteindre une forme d’apaisement.

Mathieu Riboulet : trauma de l’histoire, trauma des corps (nous, vous)

Eh quoi, vous nous avez convoqués sur la scène pour célébrer la paix, retrouver l’harmonie d’un beau continent las de tant de dévoiements, vous voudriez en plus qu’on fasse tinter les cloches et qu’on prenne fièrement pour de belles lanternes les horribles vessies qui jonchent le chemin ? Allez vous faire foutre. (55)

À l’inverse, Mathieu Riboulet dans Entre les deux il n’y a rien[10]part d’un traumatisme historique, collectif, celui des années de plomb dans les pays d’Europe (marquées par des attaques terroristes et des exécutions sommaires des membres des forces contestataires) et le fait résonner dans son propre corps. Il l’incarnepour le révéler : sous sa plume en effet, l’homosexualité – parce qu’elle déroge aux normes familiales et sociales – devient force de résistance politique, son intimité le lieu du rapport de force systémique. Dans ce texte insituable, mâtiné d’autobiographie et d’essai politique et qui touche au roman d’apprentissage comme au pamphlet, M. Riboulet oppose ainsi un « nous », difficile à saisir parce qu’il glisse d’une communauté à une autre (politique, sexuelle) sans jamais s’y stabiliser, à un « vous » statique, qui désigne les thuriféraires de l’ordre établi – l’unité politique contre les contestations individuelles, la morale conservatrice contre les sexualités non conformes, la violence d’État contre les individus. Ce nous, qui ne délimitepas, est plus proche d’un « faire communauté » que d’un « être communauté », d’une invitation au lien que d’une exclusion identitaire – tandis que le vousici travaille le texte comme le pronom que l’insurrection voudrait défaire, moins ennemis de chair et d’os que discours (surplombants) et pratiques (autoritaires) qui empêchent que le nousse constitue. Le nousdoit s’envisager selon une lecture du politique comme lieu du dissensus, selon la perspective de Chantal Mouffe pour qui dire nousn’est pas une question d’appartenance, mais de lutte[11].

C’est le même nousque celui qui peuple le court essai Prendre dates, rédigé par Mathieu Riboulet avec Patrick Boucheron après la tuerie de Charlie Hebdoen janvier 2015 :

Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia nos âmes ? On se regardait incrédules, effrayés, immensément tristes. […] Ça a eu lieu. Et ce lieu est ici, juste là, si près de nous. Quel est ce nous et jusqu’où va-t-il nous engager ?

[…] Il faudra bien trancher, décider qui il y a derrière ce nous et ceux qu’il laisse à distance[12] […].

L’écriture du trauma passe donc : du nous au Je, par intégration subjective d’un trauma collectif ; de l’historique à l’intime (quelle est ma place face à cela dont je viens et à quoi je survis, quelle part ai-je encore à un traumatisme qui imprègne ma définition identitaire sans me toucher moi ?)

L’écriture, chez M. Riboulet, ne vise pas la conjuration, encore moins la réparation ! Mais bien la confrontation de ce nous, homosexuel certes, partisan des extrêmes gauches oui – mais avant tout un nousde ceux qui militent pour la reconnaissance du subjectif face aux logiques de contrôle et de répression. C’est le statut de ce nous qui est en jeu, son existence possible, sa résistance nécessaire. C’est là, dans le cœur incandescent et vulnérable d’un Je collectif (contre la foule anonyme du « on » kaplanien) que se redéploie une parole subjective parce que sensible, sensuelle. Passible enfin, dirait-on avec P. Loraux.

Ce travail sur l’énonciation traumatique pose la question de la place du lecteur face à cela : spectateur ou témoin (deux extériorités différentes, qui demandent deux niveaux différents d’implication), partie prenante (chez L. Kaplan) ou destinataire d’une parole qui ne travaille pas l’universel mais, au contraire, la singularité. Le lecteur devient alors gardien de cette singularité, qu’il lui est interdit de replier sur la sienne propre. Il n’est pas alors appelé à s’identifier mais à compatir, ce qui n’est pas la même chose et qui serait peut-être éthiquement plus juste.

***

Trois manières donc d’interroger la littérature en la mettant face à différentes sortes de trauma : trauma des corps singuliers et trauma des corps sociaux, traumas historiques et traumas ontologiques, qui se disent sous trois régimes qui sont autant de manières de faire du trauma le lieu d’une parole politique. Trois espaces énonciatifs que ces écritures réaménagent pour la communauté, pour le nouspar le je. Et ce qui apparaît, comme l’écrit Marielle Macé, est bien ceci :

« Nous » ne signifie pas : tous ceux qui sont comme moi, mais : tous ceux qui pourront être le « je » de ce « nous », l’endosser, le reprendre à leur compte, tous ceux qui pourront parler au nom de « nous » : tous ceux que noue une cause[13].

 

[1] Propos de Leslie Kaplan rapportés par Anne-Sophie Bailly et Amélie Durand dans leur compte-rendu d’une rencontre avec celle-ci, dans le cadre du master de création littéraire de Paris 8, le 11 mars 2014. En ligne: http://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr/spip.php?article1201. Consulté le 19 mars 2019.

[2] Dont Julien Lefort-Favreau montre qu’il témoigne à la fois de la volonté de l’intellectuelle de s’intégrer à la communauté déjà formée des ouvriers en abandonnant son « je », mais qu’il atteste également du caractère non organisé de cette communauté : « le livre de Kaplan […] rend compte d’une véritable enquête dont les résultats ne sont pas nécessairement conformes aux attentes. Mai 68 est une aspiration à l’éclosion de subjectivités délivrées, mais l’établissement en usine dont témoigne ce premier récit de Kaplan rend plutôt visible une communauté aliénée. » Julien Lefort-Favreau, « Les communautés littéraires de Leslie Kaplan. De l’usine à l’atelier d’écriture, l’égalité des intelligences. », Tangence, n° 107, 2015, p. 55–72, p. 61. En ligne : < https://www.erudit.org/fr/revues/tce/2015-n107-tce02164/1033950ar/>. Consulté le 19 novembre 2018. Matthieu Rémy souscrit à ces analyses : « Le “on” de L’Excès-l’usinesera donc le résultat d’une double impossibilité : dire “je” et perdre l’espoir d’une énonciation collective ; dire “nous” et déformer le résultat de l’observation d’un espace où précisément manque la conscience collective. » Matthieu Rémy, « L’Excès-l’Usine, l’époque et le texte », inMireille Hilsum (dir.), Leslie Kaplan, Paris, Classiques Garnier, 2016, p. 69-84, p. 76.

[3] Claude Mouchard, Qui si je criais… ? Œuvres-témoignages dans les tourmentes du xxesiècle, Éditions Laurence Tepper, 2007, p. 28. Dans ce paradigme, le lecteur devient ainsi, selon le mot de Mandelstam rappelé par l’auteur, « l’interlocuteur ».

[4] Patrice Loraux, « Les disparus », inJean-Luc Nancy (dir.), « L’Art et la Mémoire des camps. Représenter, exterminer. Rencontre à la maison d’Izieu », Le Genre humain, n° 36, 2001, p. 41-57, p. 48.

[5] L’Excès-l’Usine, op. cit., p. 14.

[6] Voir particulièrement la notion d’habitus chez Bourdieu, et ses implications sur le capital social : Pierre Bourdieu, Le Sens pratique, Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », 1980. Sur le concept d’intersectionnalité : Kimberle Crenshaw, « Mapping the Margins : Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color », Stanford Law Review, Vol. 43, n° 6, 1991, p. 1241-1299 ; sur l’épistémologie du point de vue : Sandra Harding, « Rethinking Standpoint Epistemology : What is Strong Objectivity ? » inLinda Alcoff and Elizabeth Potter, (eds.), Feminist Epistemologies, New York, London, Routledge, 1993 ; Elsa Dorlin, Sexe, genre et sexualités. Introduction à la théorie féministe, Paris, PUF, 2008.

[7] Annie Ernaux, Mémoire de fille, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2018 [2016].

[8] Nicolas Abraham et Maria Torok, « Introjecter-incorporer », in Nouvelle Revue de psychanalyse,no 6, « Destins du cannibalisme », Paris, Gallimard, automne 1972, p. 260-275.

[9] Annie Ernaux, Mémoire de fille, op. cit., p. 165.

[10] Mathieu Riboulet, Entre les deux il n’y a rien, Lagrasse, Verdier, 2015.

[11] Chantal Mouffe, L’Illusion du consensus, Paris, Albin Michel, 2016. Voir la lecture qu’en donne Marielle Macé : « [L]a vie politique repose sur la construction conjointe, assumée et combative, d’un “nous et eux”. Si “nous” est bien ici le pronom du politique, ce n’est pas comme détourage d’un cercle identitaire mais, rendu indissociable d’un “eux” politiquement construit, en tant qu’il déclare et poursuit une conflictualité initiale, qui ne pose pas une question d’appartenance mais de lutte. Le “nous et eux” qu’impose la conviction que nous avons à fonder l’action politique sur l’évidence du dissensus, ce “nous et eux” n’est décidément pas affaire d’identification, mais de détermination d’une cause, une grande cause, qui vaille la peine que l’on s’y risque, et qui dise ce à quoi l’on tient – puisque l’on ne tient pas tous à la même chose. ». Marielle Macé, « “Nouons-nous”. Autour d’un pronom politique », inMarielle Macé (dir.), « Nous », Critique 2017/6-7, n° 841-842, p. 469-483. En ligne : https://www.cairn.info/revue-critique-2017-6-page-469.htm#re11no11. Consulté le 19/03/2019. Sur la valeur du pronom « nous » dans Entre les deux il n’y a rien, voir également l’article de Daniel Letendre, « Des corps à la rue. Le livre comme espace public chez Mathieu Riboulet », à paraître. Je remercie vivement l’auteur de m’avoir fait partager ses réflexions.

[12] Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet, Prendre dates. Paris, 6 janvier-14 janvier 2015, Lagrasse, Verdier, 2015, p. 7-8. Au passage, on remarque que les traumas de l’histoire chez Riboulet se disent, contre le « nous », sous la forme lancinante du « ça », qui prend la forme d’un déchaînement de violence et dépasse l’entendement : ici « ça a eu lieu », là : « Car ça commence toujours avant, et il finit toujours par manquer quelque chose. Ça sort du brouillard vers 1871, ça quitte les livres, ça s’inscrit dans les corps hérités, ça vient à la conscience, ça travaille et puis ça reflue et ça part, et ce qui sera prolongé, ou pas, de notre histoire, nous ne le saurons jamais. » (Entre les deux il n’y a rien, op. cit.,p. 11).

[13] Marielle Macé, « “Nouons-nous”. Autour d’un pronom politique », op. cit.

 

 

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