Exergue n° 12

 

 

 

« J’aimerais donc que la parole et l’écoute qui se tresseront ici soient semblables aux allées et venues d’un enfant qui joue autour de sa mère, qui s’en éloigne, puis retourne vers elle pour lui apporter un caillou, un brin de laine, dessinant de la sorte autour d’un centre paisible toute une aire de jeu, à l’intérieur de laquelle le caillou, la laine importent finalement moins que le don plein de zèle qui en est fait. »

Roland Barthes, Leçon inaugurale au Collège de France,
Paris, Le Seuil, 1978, p. 42-43.

 
 


 Hélène Merlin-Kajman

02/12/2011

C’est à la fin de sa Leçon inaugurale au Collège de France, où il dénonce d’abord l’existence d’une dictature (paternelle ?) invisible et originaire, que Barthes écrit ces mots, comme si, malgré la menace, du fonds effondré de la culture, pouvait renaître une promesse. Cette aire paisible, il l’a souvent décrite, voulant qu’elle fût arrachée, fragile, fugitive, au fascisme de la langue, aux ruses du pouvoir et de la séduction.

Jusqu’où le suivre, ici ? Où donc le bât blesse-t-il ? Je veux dire : que faire pour nous de cette convergence - la référence commune à Winnicott - malgré le désaccord sur les prémisses ?

Peut-être dire simplement ceci : puisqu’il ne s’agit plus, sur ce site, de l’ère enchantée, enfantine, de l’aire de jeu, mais de culture, alors le caillou, la laine, importeront – et la famille entière, les voisins, les étrangers, les amis – et les importuns !