Exergue n° 136

 

 

 

The Oval Office meeting was the centerpiece of a marathon day in the capital for Mr. Trump, his first since winning the presidency. His wife, Melania, had tea with Michelle Obama in the White House residence and took in the view of the Washington Monument from the Truman Balcony. White House aides said the two women talked about raising children in the White House.

“We want to make sure that they feel welcome as they prepare to make this transition,” Mr. Obama said of the Trumps.

Later on Capitol Hill, after meeting with Republican congressional leaders who will hold sway over enacting his agenda, Mr. Trump strode with Representative Paul D. Ryan of Wisconsin, the House speaker, to a balcony overlooking the platform on the west side of the Capitol where he will be sworn in on Jan. 20, 2017, peering out to the National Mall below.

“Really, really beautiful,” he said of the view.

"Trump and Obama Hold Cordial 90-Minute Meeting in Oval Office", The New York Times, 10 novembre 2016.

 
 

Brice Tabeling

19/11/2016



Petite transition domestique à la Maison Blanche. Les anciens locataires accueillent les nouveaux. On présente les locaux, on prend le thé, on parle des enfants, on apprécie les paysages, on s’inquiète de l’état d’esprit de la famille arrivante. Plus tard, au Capitol Hill, le futur président contemple le National Mall et approuve : « Really, really beautiful ».

Pour le decorum des institutions américaines, la transition n’est rien d’autre qu’un léger mouvement au sein d’une esthétique sereine. C’est là le rôle du decorum : assurer des convenances.

Cette transition cependant en cache d’autres. Il y a, tout d’abord, la grande transition du pouvoir : 4000 postes clés à pourvoir au sein de l’administration, l’intrigue des nominations dans les différents ministères, l’arrivée triomphale et rancunière des futurs dominants. Un suprématiste blanc, un chirurgien illuminé, un gouverneur corrompu, le beau-fils misogyne, un lieutenant-général disgracié… Cette transition-là est moins cosy, moins smooth.

Et puis, il y a la transition dans les rues. Une parole raciste qui se libère, la recrudescence des agressions contre les homosexuels et les immigrés, la peur des populations latinos, noires et musulmanes, les croix gammées qui s’écrivent sur les murs.

Et enfin, il y a cette transition dans l’époque qui semble m’emporter comme le vent une légère poussière. Est-elle rêvée ? Est-elle réelle ? Mon sentiment est réel, et les signes d’où il se tire : le recul de la démocratie, l’imprévisibilité radicale de l’avenir, les éclats barbares, le triomphe de la bêtise. Oh, cette transition-là, comme on aimerait pouvoir l’arrêter !

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Toute transition, disions-nous, comporte son hiatus. Cela peut être une résistance (mille résistances !), c’est souvent le prix, de sang et de peine, que le changement impose à l’Histoire. C’est, en tout cas, le témoignage de la transition même, ce qui l’atteste, ce qui permet de l’apercevoir – ce qui, aussi, prépare l’avenir.

La décision éthique majeure, dirait Patrice Loraux, serait, contre « l’harmonie continuée », de ne cesser de témoigner du hiatus. Ainsi, futilement, pour faire place à mon sentiment de poussière, j’ai envie de savoir : le thé était-il trop sucré ? Le ciel s’est-il couvert sur le National Mall ?

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